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Le point de vue de Fabrice Vandebrouck (ADIREM), décembre 2014

VandebrouckUne nouvelle dynamique pour le réseau des IREM

Fabrice Vandebrouck, président de l'Assemblée des directeurs d'IREM (ADIREM)

Aujourd’hui plus que jamais les IREM s’affirment comme des acteurs incontournables de la formation des enseignants de mathématiques, en particulier de leur formation continue qui doit absolument trouver un nouvel élan. Les enseignants recrutés depuis les récentes réformes successives, qui ont en partie détricoté la formation initiale, n’ont parfois plus les bagages disciplinaires et didactiques suffisants pour mener correctement leur métier. Les IREM sont là pour les aider à poursuivre leur formation, si tant est que l’on nous donne les moyens de diffuser correctement nos ressources dans les académies, notamment à travers les Plans Académiques de Formations.

Le paradoxe est là. Si les soutiens institutionnels dont nous disposons et notre structure universitaire spécifique nous permettent d’assurer une production et une présence publique importantes et bien adaptées aux enseignants, côté rectorats il y a une nette sous-exploitation de ces ressources et localement il peut y avoir des difficultés à préserver notre spécificité. Le ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur soutient en effet sans réserve les IREM et leur réseau. La DGESIP finance à nouveau les activités nationales : nous allons pouvoir par exemple vous recevoir dans nos colloques dans des conditions bien meilleures qu’en 2013 et en 2014 : le colloque de la commission inter IREM « Épistémologie et Histoire des mathématiques » au Mans les 29 et 30 mai ; le colloque de la commission « Pop Math » à Toulouse du 3 au 6 juin 2014, et enfin les traditionnels colloques annuels de la COPIRELEM et de la CORFEM. De son côté, la DGESCO fournit toujours des heures supplémentaires pour les enseignants de terrain s’investissant dans des groupes IREM. C’est une maigre compensation face au travail parfois énorme qu’ils y accomplissent, par exemple pour le travail d’édition des revues du réseau – petit x, grand N et Repère IREM - ou pour tenir à jour la base de ressources numérisées Publimath ; mais c’est une nécessité qu’il faut préserver.

Et pourtant dans de nombreuses académies, les ressources produites dans les groupes IREM sont peu ou pas exploitées, les rectorats ayant des priorités budgétaires autres que la formation continue des professeurs déjà en exercice.  Localement les universités mettent également de plus en plus souvent à mal leur IREM – je pense à Nice et à Orléans actuellement - et c’est une lutte à mener pour préserver les structures ainsi que les services d’enseignants universitaires et formateurs dont elles doivent bénéficier pour bien fonctionner. Même si le réseau des IREM vient de signer cet été un accord cadre de partenariat avec les toutes nouvelles ESPE, cela ne signifie nullement que les IREM peuvent se fondre sans dommage dans les ESPE comme il est proposé parfois dans certaines académies. Les IREM doivent certes être des composantes universitaires proches des ESPE pour alimenter la formation – formation continue bien sûr mais aussi formation des formateurs et formation initiale - mais ils doivent avant tout être proches des départements de mathématiques, qui y ont un intérêt certain : par exemple pour donner du relief à leurs formations aux concours, pour la réflexion à mener sur la formation des enseignants du supérieur ou encore pour nourrir leurs actions de popularisation des mathématiques auprès des élèves, de leurs professeurs et du grand public.

Motiver et reconnaître le travail des universitaires ou des formateurs dans des groupes IREM est important afin de pérenniser ce modèle de formation des maîtres au moment où la demande en ressources devrait être de plus en plus forte, compte tenu des nouveaux besoins. De fait, les IREM sont déjà sur le front de chantiers importants pour se préparer à répondre aux nouvelles demandes : la liaison entre le primaire et le collège, des groupes où un investissement des collègues didacticiens concernés est très attendu par les professeurs d’école et de collège qui y participent - j’invite les collègues à développer encore de nouveaux groupes dans les IREM dont ils sont proches et où ils devraient naturellement se retrouver pour irriguer leurs problématiques de recherches ; la liaison entre le lycée et l’université, des groupes où les mathématiciens devant enseigner à des cohortes d’étudiants de première année devraient pouvoir venir favoriser la transition en travaillant avec les enseignants de lycée qui les préparent ; l’évaluation et j’invite ici les groupes travaillant depuis déjà un an sur cette priorité du réseau à participer à la conférence nationale qui vient d’être mise en ligne ces derniers jours par le ministère) ; les relations entre mathématiques et sciences ; enfin les relations entre les mathématiques et l’informatique, j’invite ici les animateurs IREM travaillant dans cette direction à participer au groupe national de la CFEM coordonné par Simon Modeste.

Vous le voyez, le réseau des IREM n’est pas inactif malgré les difficultés locales auxquelles il se heurte ici et là. Visitez en particulier le portail des IREM qui s’enrichit régulièrement de ressources nouvelles – vous y trouverez par exemple le lien vers les vidéos intégrales des conférences, table ronde et ateliers du colloque des commissions « TICE » et « collège » qui s’est tenu à Montpellier en juin 2014. Venez participer ou animer des groupes sur des thématiques multiples dans les IREM dont vous êtes proches. Venez contribuer au travail des commissions inter IREM, par exemple la commission « Lycée » dont la brochure toute récente sur l’algorithmique s’est arrachée aux dernières journées de l’APMEP. Inscrivez vous au MOOC EFAN Maths qui a commencé le 17 novembre sur le portail FUN, un MOOC porté par l'ENS de Cachan et l'ENS de Lyon, co-construit en partenariat avec le réseau des IREM, celui des ESPE, ainsi que l’IFé, les laboratoires de recherche CREAD à Rennes et LDAR à Paris.

Venez enfin nous rencontrer à l’occasion du Forum Mathématiques Vivantes, en clôture de la semaine des mathématiques du 16 au 22 mars 2015, initié par la CFEM, dont les IREM se veulent un partenaire engagé pour œuvrer à l’amélioration de l’enseignement des mathématiques sous toutes ses formes.

Fabrice Vandebrouck, le 26 novembre 2014

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