Plan d'action "Filles et maths"
Plan d’actions « filles et maths » présenté par Elisabeth Borne le 7 mai 2025 pour mobiliser la communauté éducative et les parents afin d’inciter les jeunes filles à se former aux sciences de l’ingénieur et du numérique
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Le 7 mai dernier, la ministre de l’Education nationale présentait un plan d’actions « pour
mobiliser la communauté éducative et les parents en vue d’inciter les filles à se former aux sciences de l’ingénieur et du numérique ».
Même si la question des filles et des mathématiques ne peut se réduire à « inciter les filles à se former aux sciences de l’ingénieur et du numérique », nous pensons que ce plan est un événement important. Il ne s’agit néanmoins que d’un premier pas, un préalable
indispensable.
La formation des personnels de l’Education nationale est un élément-clé pour lechangement. Pour qu'elle soit suffisamment approfondie et efficace, elle doit avoir unedurée significative et s’appuyer sur des personnes dont les compétences sont reconnues et sur des travaux de recherches. La lutte contre les stéréotypes de sexe doit s’accompagner d’une lutte contre le sexisme, trop souvent présent entre les élèves et au sein de la communauté éducative et des parents. Il faut cesser de souligner le manque de confiance en elles des filles. Celui-ci est construit socialement et constitue une forme de discrimination qu’on ne peut faire reposer sur les seules filles. Mettre en avant et soutenir le développement du sentiment d’efficacité personnelle serait un changement de paradigme important.
L’accompagnement des filles vers des études scientifiques ne doit pas reposer uniquementsur les classes préparatoires, mais aussi sur les universités. Les voies d’accès et leurs capacités d’accueil auraient avantage à être multipliées, diversifiées et également dotées de moyens financiers et humains. Les méthodes d’évaluation et la pédagogie doivent être questionnées. La présence de quelques filles isolées dans des classes largement constituées de garçons doit être évitée. A cet effet, un système de quotas peut être efficace. Une présence accrue de femmes dans les équipes éducatives (professeures, colleuses, rôlesmodèles …) est nécessaire. Une réflexion doit rapidement être menée à ce sujet afin de renforcer cette féminisation, avec tous les moyens que cela suppose. Faire entrer davantage de filles dans des études d’ingénieur nécessite aussi la création de places supplémentaires dans les formations concernées, y compris les plus prestigieuses.
Enfin, il nous semble important de ne pas singulariser les mathématiques. Même si l’image des mathématiques, sans doute un peu différente au sein du public, mérite d’être travaillée spécifiquement, c’est l’ensemble de la communauté éducative qui a besoin d’être impliquée dans la lutte contre le sexisme dans l’éducation.
Rappelons aussi que la réforme du baccalauréat de 2019 a mis en évidence les valeurs différentes que le monde politique attribue au savoir en lettres et sciences humaines (constitutif du tronc commun de connaissances au lycée) et en sciences et technologies. Une part importante de filles et aussi d’élèves issus de milieux défavorisés s’est détournée des mathématiques et des sciences depuis cette réforme. La pertinence de celle-ci ainsi que les valeurs qu’elle véhicule méritent également d’être questionnées.
Fatima Bakhti, présidente de Femmes Ingénieures,
Christophe Biernacki, président de la Société Française de Statistique,
Laurence Broze, présidente de femmes et mathématiques,
Françoise Conan, présidente de Femmes et Sciences,
Isabelle Gallagher, présidente de la Société Mathématique de France,
Claire Piolti-Lamorthe, présidente de l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public