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Communiqué de la SMF et de la SFdS

Communiqué de l'APMEP

Nous, Commission Française pour l’Enseignement des Mathématiques (CFEM), qui regroupe les sociétés savantes intéressées à l’enseignement des mathématiques avons pris connaissance du projet de programme de mathématiques pour le nouveau module « Enseignement scientifique et mathématique ».
Après lecture du programme qui a été élaboré dans l’urgence, nous maintenons qu’il ne permet absolument pas de répondre aux questions posées par l’enseignement des mathématiques dans notre pays.

Le programme se présente comme un catalogue de propositions qui ne prennent en compte ni la nécessité de considérer les mathématiques comme objet d’étude à part entière, ni les besoins mathématiques en sciences économiques et sociales et en sciences
humaines.
En outre, parmi les effets délétères de la structure actuelle du cycle terminal du lycée, les résultats publiés par la DEPP ont mis en évidence la baisse très significative de la part des filles s’engageant dans les sciences, et plus particulièrement dans les mathématiques, ce qui a été pointé comme un problème majeur de la société française par de très nombreux acteurs.
Dans le projet de programme, cette baisse de la part des filles suivant un enseignement de mathématiques est abordée dans deux phrases qui témoignent d’une approche choquante et stéréotypée de cette question, renvoyant à l’idée que les jeunes filles auraient une vision dégradée (désincarnée, techniciste) des mathématiques, ceci conduisant à valoriser pour les jeunes filles les automatismes, plutôt que les raisonnements. Loin d’encourager les jeunes filles à s’engager dans les études mathématiques selon leur appétence, cela risque au contraire de les en détourner. Ceci est très grave et va à l’encontre des objectifs d’égalité hommes/femmes dans toutes les sphères de la société, et à l’encontre de tous les efforts faits depuis de nombreuses années, par l’ensemble des composantes de la CFEM et en particulier l’association Femmes et Mathématiques, relayée par les autres membres de la communauté, pour lutter contre ces stéréotypes.
Au-delà de l’inadéquation du contenu de ce programme, nous alertons à nouveau sur le fait que son introduction n’est rien d’autre qu’un aménagement marginal sur une structure inadaptée, avec un horaire trop faible pour remplir les ambitions affichées. Notamment, rendre possible l’accès à l’option Mathématiques complémentaires en Terminale à partir de cet ajout de 1h30 dans le tronc commun de la classe de première, dont le programme a été prévu pour des élèves ayant suivi 4 heures de spécialité Mathématiques, va générer des effets extrêmement négatifs :

• ceci sera inévitablement générateur d’échecs, en Terminale, puis dans le Supérieur ;
• ceci risque de détourner un certain nombre d’élèves du choix de la spécialité Mathématiques en classe de première avec l’illusion que ce nouvel enseignement peut s’y substituer ;
• ceci risque d’engendrer une régression supplémentaire, en spécialité Mathématiques, de la part des filles et des élèves des milieux moins bien informés, qui pourraient être plus sensibles à l’alternative offerte dans le tronc commun.

Comme nous l’avons documenté dans de nombreux communiqués, et comme nous l’avons rappelé lors des rencontres dans le cadre du comité consultatif, ainsi que dans la lettre au Président de la République du 29 avril 2022 jointe en annexe, le problème est lié à la
structure qui a été retenue pour le cycle général du lycée :

• une part extrêmement minorée des mathématiques et des sciences dans le tronc commun, que l’ajout d’une heure trente de mathématiques dans le module « Enseignement scientifique et mathématique » ne peut en aucun cas rééquilibrer ;
• une offre mathématique insuffisamment diversifiée qui ne couvre pas les besoins ;
• l’obligation d’abandonner en terminale une des trois spécialités choisies en classe de première.

De plus cette directive intervient en période de réserve électorale, dans un contexte d’année blanche de recrutement des professeurs à la suite de la réforme de la formation des enseignants, bien après les notifications de DHG aux établissements, et ne pourra être confirmée qu’après les choix de spécialité par les élèves de seconde.
Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons qu’il faut absolument surseoir à la mise en place de ce nouveau programme à la rentrée 2022, et constituer très rapidement un groupe de travail avec les acteurs de l’enseignement et les spécialistes issus de la communauté
scientifique afin de définir une véritable politique éducative en concertation avec tous les partenaires, en appui sur les résultats de la recherche, en articulation avec les besoins de la société d’une part, avec les besoins de formation et d’accompagnement des enseignants
d’autre part. Ceci est une condition nécessaire pour construire une offre de formation mathématique et scientifique pour tous et toutes à la hauteur des immenses défis auxquels notre société est confrontée.