Le point de vue de Stéphane Vinatier
L’assemblée générale de la CFEM du 30 janvier 2025 m’a élu Président pour un mandat de deux ans. La même assemblée générale a désigné Michèle Artigue Présidente d’honneur. Je mesure pleinement, à l’aune de la stature de mes prédécesseur·e·s, l’importance de cette fonction et je remercie très chaleureusement les membres de la CFEM de m’avoir jugé digne de l’occuper. D’autant que, grâce au travail du bureau précédent et de sa Présidente Viviane Durand-Guerrier, ma prise de fonction s’est faite de la meilleure manière, la préparation des principales actions à venir de la CFEM étant déjà bien avancée. Enfin, la continuité du travail est assurée du fait que la quasi totalité des membres du bureau ont accepté de renouveler leur engagement, ce dont je les remercie grandement.
Ces actions sont nombreuses. Elles comprennent des événements récurrents, annuels comme le colloquium commun CFEM-ARDM et l’édition du Bulletin de la CFEM, ou quadriennaux comme la participation au colloque de l’espace mathématique francophone (EMF, à Montréal en mai 2025) et à l’International Congress on Mathematical Education (ICME, à Prague en juillet 2028). Elles s’ajustent à l’actualité, avec la rédaction par plusieurs composantes de la CFEM de commentaires très argumentés sur le projet de nouveaux programmes pour le cycle 3, l’instauration d’un groupe de travail sur l’utilisation de l’IA dans l’enseignement, la contribution à la préparation du colloque en hommage à Guy Brousseau qui s'est déroulé à Bordeaux du 7 au 10 juillet 2025, la participation aux ateliers citoyens du CNRS Mathématiques (INSMI)... Notons aussi les travaux importants sur le sujet critique de l’accès aux études scientifiques pour les lycéens en général, et pour les filles en particulier, du collectif Maths&Sciences, auxquels la CFEM participe. La CFEM s’associe également pleinement aux actions de l’association Femmes & Mathématiques, qui est l’une de ses composantes, visant à faire évoluer le regard de la société sur la place des femmes dans le monde mathématique, pour permettre une égale représentation des genres dans celui-ci.
Forte de l’investissement de son bureau et de tous ses membres, qui représentent fidèlement la communauté française de l’enseignement des mathématiques, la CFEM remplit pleinement son rôle de sous-commission
française de l’International Commission on Mathematical Instruction (elle-même branche de l’International Mathematical Union), dont elle est le relai en France. Elle est en particulier un lieu central du débat autour de toutes les questions relatives à l’enseignement des mathématiques, débat ouvert dans lequel toutes les opinions s’expriment, dans le respect mutuel et la recherche de points de convergences, sans occulter les divergences inévitables.
Il me paraît très important, à l’heure où dans la société le « débat d’idées » tourne parfois à l’invective ou au pugilat, de conserver à la CFEM ce rôle fondamental de lieu d’échanges courtois et sincères entre les acteurs de l’enseignement des mathématiques. Je crois à la valeur de ces débats pour faire émerger des propositions consensuelles et des recommandations de qualité sur les sujets d’actualité qui concernent la CFEM, grâce à la participation éclairée de toutes ses composantes. À ce sujet, je voudrais souligner l’excellence scientifique, l’expertise et le dévouement des représentants de
ces composantes, pour insister sur la qualité des travaux menés au sein de la CFEM. Sans pression extérieure et en toute objectivité, elles et ils réfléchissent ensemble aux meilleures manières d’améliorer l’efficacité de l’enseignement des mathématiques, en appui à la fois sur leur expérience et sur les études scientifiques les plus en pointe. Cela ne signifie pas bien sûr que les avis qui émanent
de ces débats devraient être toujours et aveuglément suivis à la lettre. Ne serait-ce que parce que d’autres considérations que scientifiques ou de terrain sont souvent à intégrer au moment des décisions politiques. Souhaitons tout de même que nos instances dirigeantes prennent en compte à leur juste mesure ces avis éclairés, qu’elles continuent à les entendre et même qu’elles leur accordent un peu plus d’importance à l’avenir. L’éclairage objectif et désintéressé fourni par les assemblées de scientifiques et d’experts comme la CFEM reste en effet, à ce jour, la meilleure boussole pour guider l’action publique. Il n’est hélas pas inutile de le rappeler alors que les gouvernements de certains pays font le choix de tourner le dos à l’expertise et à la recherche scientifique sur les sujets les
plus sensibles.
Mon souhait principal, en tant que nouveau Président de la CFEM, est de pouvoir contribuer au dynamisme et à la qualité du débat au sein de la CFEM, à son expression auprès de nos partenaires et des instances dirigeantes et à sa prise en compte, la plus large possible, dans les décisions concernant l’enseignement des mathématiques.
Stéphane Vinatier
Professeur des Universités
Université de Limoges