ICME 14 : une occasion de faire le point sur l'enseignement des mathématiques en France
Bienvenue sur le site de la CFEM, composante française de la commission internationale pour l'enseignement des mathématiques (ICMI), qui a pour objectif de développer les interactions entre les acteurs de l'enseignement des mathématiques, aux niveaux national et international.
Ce texte est écrit en préparation de la participation française au 14e congrès sur l’enseignement des mathématiques ICME-14. Ce qui aurait du être le dernier événement phare de l’Année des mathématiques en juillet 2020 s’est transformé en la préparation d’un document écrit pour la Présentation Nationale de l’enseignement des mathématiques en France (à télécharger sur la page ICME 14 de ce site), et l’enregistrement d’une vidéo qui a été diffusée le 14 juillet 2021 (cette vidéo d’une heure 40, en six parties, est hébergée sur le site de l’IREM de Paris; liens dans la page ICME-14 de ce site). La Présentation nationale, comme la conférence d’ouverture de Cédric Villani, «Mathematics in the Society», pourront être suivies en ligne, ce qui les rendra peut-être accessibles à une plus large audience, mais ne permettra hélas pas les nombreux échanges entre les participants de tous les pays autour du stand de la CFEM que nous avions prévu pour Shanghai.
Néanmoins, le travail fait à l’occasion de cette Présentation Nationale a permis de faire un point sur la situation nationale, avec quelques focus approfondis sur les évolutions curriculaires récentes, ou des thèmes de recherche en didactique qui se sont renforcés depuis ICME-13, et de mettre en avant de nombreux atouts remarquables, comme le réseau des IREM ou la floraison des actions de popularisation. Et autour de ces congrès ICME qui rythment la vie de la CFEM, se tissent de nombreuses autres activités, nationales ou internationales, dont Luc Trouche membre du comité de programme d’ICME-14 ou Michèle Artigue, qui co-anime le panel «Pandemic times: Challenges, responsibilities and roles for mathematics and mathematics education communities», incarnent la vitalité. Cette vitalité, auxquelles de nombreuses et nombreux collègues participent, est une richesse qu’il faut maintenir et, pour cela, il faut continuer à enseigner les mathématiques, et à former les futurs enseignants.
C’est le dernier éditorial que j’écris en tant que présidente de la CFEM ; mon mandat, ayant débuté juste après ICME-13, se termine avec ICME-14. C’est Viviane Durand-Guerrier, professeure émérite en didactique des mathématiques à l’Université de Montpellier, qui continuera à porter haut le flambeau d’une commission qui représente toute la communauté liée à l’enseignement des mathématiques, interlocuteur national «incontournable» car représentatif de cette communauté qui est soudée, vivante, qui échange et partage, et qui comme telle représente la France à ICMI.
La relecture du premier éditorial écrit en septembre 2016 permet de mesurer le temps passé : plus de Stratégie Mathématiques, mais un Plan Mathématiques qui a (avait ?) bien démarré, suite aux «21 mesures» du rapport de la Commission Villani-Torossian, qui a notamment permis de mettre en avant la nécessité de redonner des moyens à la formation continue des enseignants. Plus d’ESPÉ, remplacées par des INSPÉ ; plus d’EAP (emplois d'avenir professeur, puis élèves apprentis professeur), mais des AED (assistants d’éducation en pré-professionnalisation), dont nous aimerions pouvoir dire que c’est un bon dispositif. Et tant de réformes qui n’étaient pour la plupart pas prévues avec des conséquences profondes sur l’enseignement des mathématiques et la formation du citoyen qu’il est encore impossible de mesurer, mais qui, pour le moment, n’ont fait qu’accroître les disparités et les inégalités : l’abandon des séries qui a bouleversé le lycée général ; le lycée technologique et surtout le lycée professionnel profondément réformés ; un concours de recrutement (le CAPES) à nouveau déplacé, sans parler de l’entrée dans l’enseignement supérieur, ni des réformes que ce dernier traverse lui aussi. Enfin la reconnaissance de l’informatique comme discipline autonome, un Capes, bientôt une agrégation, et une spécialité NSI (numérique et sciences informatiques) au lycée -- dont on aurait souhaité qu’elle soit plus largement ouverte et plus souvent choisie par les filles -- sans volonté d’interaction avec les mathématiques dans l’élaboration des programmes, même si la proximité actuelle des deux disciplines permet de nombreuses collaborations.
Néanmoins, je reste optimiste ! Le travail quotidien, les échanges, le partage d’informations entre les différentes associations, tout cela a permis à la communauté de prendre le rythme de cette marche un peu forcée, d’essayer d’en voir les points positifs, tout en restant vigilante et en alertant sur les points qui lui semblent devoir et pouvoir être améliorés. Concernant l’interaction avec la recherche en mathématiques, l’initiative de l’INSMI de proposer une Année des mathématiques lancée avec le ministère en charge de l’éducation nationale est un tournant important pour se rapprocher de l’enseignement. La pandémie de Covid19 n’a pas touché notre discipline plus que d’autres, mais a plutôt consolidé l’impression d’une communauté réactive, solidaire et dynamique, même si elle en ressort épuisée. En résumé, le constat, même s’il est fait sur fond de pandémie, reste positif. Nous ne sommes pas un lobby puissant, et notre force ne réside pas dans un rapport de pouvoir, mais dans une connaissance de notre discipline et du terrain, un travail en profondeur, une exigence, une motivation d’une partie suffisamment importante des collègues pour que notre perception de la réalité de l’enseignement des mathématiques reste positive, même si nous pensons qu’il aurait été possible de faire mieux pour cet enseignement, sans nécessairement beaucoup de moyens supplémentaires. C’est cette force qui est connue et respectée, même si certains peuvent penser qu’elle n’est pas suffisamment reconnue.
Je crois sincèrement à l’importance pour notre pays de maintenir vivante toute la chaîne de l’enseignement des mathématiques, de la maternelle à l’université, de tisser des liens entre la recherche et la pratique du terrain, de bien former tous les jeunes -- et pour cela de travailler à mieux former les enseignantes et les enseignants -- de leur donner envie de se lancer dans des formations scientifiques, de recruter les futurs et futures scientifiques… Nous devons agir à tous les niveaux et mener tout cela de front. La tâche est importante mais nous avons (encore) les forces actives pour la mener.
Edwige Godlewski, ex-présidente de la CFEM, le 21 juin 2021
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